I. Autour du mot: science, art, technique:
La science comme effort pour articuler
entre elles des connaissances justifiées a pour objet la réalité du monde, ce qui
existe comme nature et culture:
cette connaissance exige donc théoriquement un ajustement
des concepts à la réalité expérimentale ce qui implique la prise en considération de
cette réalité telle qu'elle est donnée, un respect ou au moins une complicité avec
elle.
-La technique cherche surtout à obtenir
un résultat, une transformation du donné opérée par la collaboration de l'intelligence
et du corps (en particulier de la main). Si l'utilité n'est pas un critère de vérité
on distinguera toujours savoir et pouvoir.
-L'art désigne, depuis le
XVIII è
siècle ce qui concerne l'esthétique, c'est à dire la satisfaction éprouvée à
regarder, entendre une uvre sur laquelle cette satisfaction est projetée: "c'est
beau". Comprenons qu'il est hors de question de détruire l'uvre, de la
transformer, d'attendre un résultat quelconque d'une opération sur elle: l'uvre
d'art ne se consomme pas et exclut le désir.
-Parce qu'il se réjouit de l'existence
du beau, l'art s'est séparé de la technique qui envisage toujours une transformation,
une disparition de ce qui existe (voir le paysage "mité").
-Parce qu'elle est un ensemble de procédés, issus de la pratique ou de la
théorie, ayant pour seul objectif un résultat concret, la technique dynamise toute forme
de travail et s'intéresse plus à l'utilité, qu'à la vérité ou à la beauté.
II. La
notion: le parcours
- La technique est un savoir
faire:
-D'abord, elle est issue de l'imitation, de la vue: je vois faire, cela réussit,
j'imite.
-Puis d'un enseignement, de règles d'action qui s'adressent à l'ouïe et à la vue: je
regarde, j'écoute et je refais.
-Enfin, la technique est désormais issue d'une théorie: ce n'est plus en cette fin de
siècle que l'application de la science.
-Dans ce mouvement on saisira et on comprendra la
disparition progressive de l'initiative et de la fantaisie au profit du seul résultat,
comme disparition de l'humanité dans le travail.
Car, parler de savoir faire c'est mettre en évidence l'union de l'esprit
et du corps dans une activité où l'homme se manifeste comme nature et intelligence. En
effet la technique exprime l'humanité comme désir: l'origine de la technique n'est donc
pas la raison: son processus peut bien être rationnel, l'erreur serait de le croire
raisonnable.
- L'humanité s'exprime dans la technique qui implique la possibilité:
-de se représenter mentalement l'action à accomplir; - d'inventer des outils adaptés
à l'action (il y a plus de 100 marteaux différents par leur forme et des milliers
d'outils informatiques); - de choisir les matériaux appropriés à l'action;
-d'adapter
les moyens à la fin par l'intelligence. Tout cela implique l'esprit et le corps, en
synergie pour la réalisation d'une uvre, d'un résultat qui manifestait, d'abord,
dans l'élément de la permanence la liberté inventive d'une conscience de soi ayant
posé une fin et surmonté les obstacles, maîtrisé les moyens, par sa volonté.
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les inventions successives ont engendré la division du travail en miettes
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Joseph
Llapasset
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