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De la pauvreté.

  Besoin, dénuement, gêne, indigence, nécessité, débine, dèche..., que de termes pour désigner la pauvreté: cette prolifération est inquiétante.

Et pourtant quelle distance entre les figures de la pauvreté!

   Il y a d'abord cette pauvreté dont l'existence est faite, ce perpétuel mouvement constellé de regrets, de remords, de peurs, d'angoisse et de soucis; cette violence du temps qui voit disparaître l'instant qui vient d'apparaître dans un écroulement, marque de finitude et de pauvreté.

   Il y a pourtant la pauvreté qui est la voie royale de la liberté, celle de ceux qui s'engagent au service des autres avec cet amour qui se nourrit de sacrifices: la pauvreté d'une voie qu'on a choisie.
Il y a enfin la pauvreté physique, sociale, économique,
ce mal qui ronge les corps et les relations de ceux qui appréhendent le soir qui sera peut-être le dernier, de ceux qui craignent les fins de mois et de ceux qui n'ont même plus la fin de mois car ils n'ont plus ou pas de salaire. Il y a aussi la pauvreté des prisonniers.

   La première forme de pauvreté est pour ainsi dire notre carte d'identité humaine. La deuxième est source de toute joie. La troisième reste un fléau qui frappe les deux tiers de l'humanité.

   Contre la violence du temps, nous ne pouvons rien. Riches ou pauvres, puissants ou misérables, pour tous, la condition humaine est: voir venir, voir passer.

   La pauvreté choisie est la meilleure part, porte ouverte par notre décision personnelle de partager.

   Contre la pauvreté qui nous entoure, nous pouvons tout et pourtant elle galope dans une chevauchée infernale. Qui croira, dans la bonne conscience, que l'enfant qui souffre en tremble de froid?
Joseph Llapasset

 

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