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dico.gif (887 octets)Le style de La Fontaine Une langue et une versification parfaitement ajustées servent ces récits, c'est le style de La Fontaine

Nous avons déjà noté que quelques mots suffisent pour évoquer un animal, voyons maintenant de quels moyens dispose La Fontaine.
La longueur variable des phrases et des vers,
les rythmes, lents, saccadés ou rapides,
le choix de sons, consonnes fluides, sifflantes ou explosives; voyelles douces ou aiguës, sourdes ou criardes, brèves ou allongées accompagnent un vocabulaire et des constructions grammaticales toujours précisément choisis.
En voici quelques exemples:

En I 9 , une suite de vers à 7 pieds très sautillants évoque: le Rat de ville et le rat des champs

"Autrefois le rat de ville
Invita le rat des champs
D'une façon fort civile
A des reliefs d'ortolan."

En IX, dans Le Discours à madame de la Sablière, on voit la perdrix quitter le sol, s'éloigner puis disparaître sous l'oeil ahuri du chien, dans un vers en 3 séquences qui vont en s'amenuisant, 6, 4, 2:
"Elle lui dit adieu/ prend sa volée/ et rit."

   Les rejets, étirent le regard ou l'attention, prolongent un suspens ou amènent un effet de surprise.

-un sujet inversé: 
en II15 , Le Coq et le Renard

"Sur la branche d'un arbre était en sentinelle
un vieux coq adroit et matois." 

-un complément d'objet:
en IX 9, L'Huître et les plaideurs

"Un jour deux Pèlerins sur le sable rencontrent
Une Huître que le flot y venait d'apporter:"
en IX16, Le Trésor et les deux hommes


"L'homme au trésor arrive, et trouve son argent
Absent"   (att.du c.o.d)

en VII1, Les Animaux malades de la Peste


"Même il m'est arrivé quelquefois de manger
Le Berger."

   Le passage du style direct au style indirect.

En XI 8, Le vieillard et les trois jeunes hommes-
Le passage éblouissant du style direct (1 ) au style indirect libre (2) puis de nouveau au style direct (3), des infinitifs impersonnels (1), à une troisième personne dépréciante (2), pour arriver à l'interpellation oratoire et même pompeuse à la seconde personne (3),
évoque parfaitement l'évolution du ton et du niveau de voix des trois jeunes hommes à mesure qu'ils s'approchent du vieillard;

"Passe encor de bâtir, mais planter à cet âge! (1)
Disaient trois jouvenceaux enfants du voisinage
Assurément ils radotaient (2)
Car au nom des dieux, je vous prie, (3)
Quel fruit de ce labeur pensez-vous recueillir (3)
(1) les garçons s'exclaffent et se moquent sans se gêner
(2) Ils chuchotent entre eux
(3) Ils s'adressent au planteur avec une courtoisie un peu condescendante.

   La musique...

En XI 8 dans Le vieillard et les trois jeunes hommes:"Les clartés de la voûte azurée" sont pleines du charme de voyelles adoucies et allongées: é. é. ou. u. é, coupées par l'éclat des deux a, a, que lie une majorité de consonnes continues: l. l. r. l.v. z. r, donc fluides et souples.

En IV 4 dans Le Jardinier et son Seigneur quel bruit au contraire! "Les trompes et les cors font un tel tintamarre", à cause, bien sûr du vocabulaire mais aussi à cause des sons qui vont en s'amplifiant, d'abord des échos: é, on, é, é, o, on, puis l'éclatement des occlusives: t, t, t, t, et la fin qui n'en finit pas: a. ar...

En VII 8 dans Le Coche et la Mouche on sent la vivacité féroce de la mouche qui "pique l'un, pique l'autre": p.k, p.k, des consonnes qui explosent sèchement (ou pour parler de façon plus technique, des occlusives sourdes, dont l'effet est agressif).

A vrai dire les impressions auditives sont souvent subjectives, il faut donc les exprimer avec prudence dans un commentaire. Cependant elles ne sont pas à négliger: elles aiguisent notre attention au texte et peuvent multiplier notre plaisir.

Mon passage sur le style voudrait être pour les aînés un exemple de ce qu'on peut découvrir dans les vers; Les petits enfants, eux, ils sentent et ça leur suffit.
(texte de Jacqueline)

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