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Rubrique philagora
http://www.philagora.net/musee-fabre
Montpellier - Pavillon du Musée
Fabre:
Sébastien Bourdon
1616 – 1671
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La peinture au carrefour des religions
Présentation- pages: 1
- 2 - 3
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Durant son séjour à Rome Bourdon, à ce qu’on dit, avait failli se
convertir au catholicisme. Son départ précipité l’en empêcha. Revenu
à Paris, il se maria avec la sœur de son ami Du Guernier. Le calvinisme
pouvait passer pour la tradition, l’honneur et en quelque sorte la
noblesse de la famille où il entrait. Tous les enfants furent baptisés
et il semble que Bourdon, peu à peu, fit d’une religion héritée une
foi profondément vécue.
Mais cette constatation ne doit pas induire à des conclusions
erronées. Appartenir à la religion réformée en France n’a pas
exactement le même sens avant 1627 et entre 1627 et 1685.
Quoi qu’on en ait écrit, la conversion d’Henri IV et l’Édit de
Nantes n’avaient nullement fait disparaître les ambitions des
protestants français, qu’excitait l’exemple des Provinces-Unies et
des principautés allemandes. En 1621 Montpellier, la ville natale de
Bourdon, avait vu le parti protestant imposer sa dictature, raser les
églises et démolir pierre à pierre la cathédrale, rejeter ouvertement
le pouvoir royal. Il avait fallu que le jeune Louis XIII vînt lui-même
faire le siège de la ville et la réduire à merci pour que fût enfin
ruiné le rêve d’un Languedoc devenu république calviniste entre l’Espagne,
l’Italie et la France catholiques – mais point trop loin de Genève.
En 1627, de nouveau, ce fut l’affaire de La Rochelle, qui cette fois
menaçait de soustraire au roi de France le contrôle de la côte
atlantique, mettant le pays à la portée des flottes anglaises et
hollandaises. Une réussite technique – la fameuse digue – mit fin à
cette nouvelle tentative de sécession, dont l’Europe entière,
consciente de l’enjeu, avait suivi les péripéties.
De ces échecs naquit une période de calme, qui dura jusqu’à la
révocation de l’Édit de Nantes, près de soixante ans plus tard.
Malgré la grande montée du mysticisme et le triomphe de la
Contre-Réforme, l’esprit de tolérance s’établit. Protestants et
catholiques se fréquentaient et les tenants de la Réfome avaient accès
aux postes et aux honneurs. Lors de la formation de l’Académie, ils
furent assez nombreux pour former une sorte de " groupe de
pression ", dont naturellement Bourdon profita.
Pour les calvinistes, la vocation de peintre posait problème. Le plus
souvent l’artiste suivait l’exemple hollandais et se bornait à la
nature morte, au paysage, à la scène de genre, au
portrait, voire aux tableaux allégoriques et mythologiques. Mais il se
coupait ainsi de la grande source financière du temps : les
peintures de dévotion et surtout les grandes commandes des églises. Il
semble que Bourdon, en accord avec ses amis protestants et sans doute son
pasteur, n’hésita guère à passer outre.
La commande pour le May de 1643 de la cathédrale Notre-Dame
glorifie saint Pierre, mainte fois cité dans l’Évangile, mais enfin
fondateur de la papauté dénoncée et détestée. La commande du Martyre
de saint Protais, destinée à l’ornement d’une autre église
parisienne, évoquait sans réticence un saint plus suspect. Ce fut pire
à Montpellier : on demandait à Bourdon un immense tableau pour
orner le chœur de la cathédrale dévastée et à demi démolie par ses
coreligionnaires, et le thème, la chute de Simon le Magicien, était
celui qui avait été choisi à Saint-Pierre de Rome pour évoquer le
triomphe de l’Église sur l’Hérésie, présentée comme simple
imposture. L’acceptation de Bourdon reste singulière
Par ailleurs on sait la défiance des calvinistes envers le culte de la
Vierge ; or Bourdon est l’un des peintres français qui ont peint
le plus de Vierge à l’Enfant et de Sainte Famille. Purs exercices, qui
n’entraînaient pas l’adhésion intérieure, et que Bourdon mettait
sur le même plan que des représentations de Junon ou de Vénus ? Il
est bien malaisé de le croire…
En regard, le protestant apparaît dans d’autres œuvres ; ainsi
Bourdon a souvent illustré l’histoire de Jacob. Dans Les Sept
Œuvres de Miséricorde, série de sept tableaux consacrés à des
scènes empruntées à l’Ancien Testament, les sentiments vont de la
grâce la plus délicate au spectacle de la désolation. Rarement peintre
a plus fortement évoqué la terreur des opprimés ou la puissance du
vainqueur. Autour de sept grands " actes " de vertu,
Bourdon développe sept grands épisodes de l’histoire juive qui leur
donnent toute leur résonance humaine. Plus on regarde cette suite, plus l’imagination
du peintre révèle sa richesse en même temps que son élévation morale.
Le plaisir de peindre
La diversité d’inspiration de Bourdon est certainement le signe d’une
sensibilité exceptionnelle, capable de s’attacher à des pensées
diverses, sinon contradictoires, et d’en dégager aussitôt la richesse
intrinsèque ; le peintre, dans le même élan, apercevait toutes
les implications poétiques et toutes les richesses plastiques qu’offrait
le sujet. Peu d’artistes ont connu davantage le plaisir de peindre.
Sa science des volumes, tôt présente, a été par la suite
poussée jusqu’à une formule quasi cubiste, dont le chef-d’œuvre est
peut-être le Christ et les enfants. Plus tard, l’aspect
mathématique s’estompe ; mais le calcul subsiste. Il assure à
toutes les compositions de Bourdon une solidité et un équilibre
plastique que l’œil ressent avant même de le constater.
Il en va pareillement pour la couleur, dont même les
détracteurs de Bourdon n’ont pu s’empêcher de louer l’éclat. Dans
sa maturité il décida d’établir dans ses tableaux un équilibre entre
les trois couleurs fondamentales, bleu, jaune et rouge, savamment dosées
et souvent calmées par une grande tache de blanc. Ici encore, il a
parfois poussé le principe jusqu’au point où il devenait formule.
De tout le XVIIe siècle français Bourdon est le seul qui, dans
certaines de ses œuvres, se soit permis de laisser apparent le jeu
arbitraire des volumes et des couleurs qui soutient la fiction.
Dans l’œuvre de Bourdon, il faut écarter la tentation d’établir
des catégories et chercher à retrouver ce qui fait son unité : unité
des formes comme unité de l’inspiration.
L’univers de Bourdon n’est jamais de simple observation et jamais
de fiction pure. Reproduire la nature à la façon des Hollandais ou
créer de toutes pièces un univers personnel, ne l’intéresse guère.
Chez lui, la tragédie s’inscrit dans le passé biblique. L’inspiration
anime des paysages improbables, mais savamment composés de feuillages, d’eaux,
de vieux monuments et de grottes obscures. L’idéal s’incarne dans l’image
juvénile de la femme aux gestes harmonieux, libérée par l’antiquité
du vêtement moderne et des coquetteries de la carte du Tendre. Très tôt
l’équilibre a été trouvé entre la réalité et cette distance que
suppose toute poésie. Dés 1643-1646, tous les éléments d’un grand
langage sont en place.
Bourdon offre l’exemple du créateur moderne chez qui prévalent à
la fois le souci constant des problèmes plastiques et l’approfondissement
d’une poésie personnelle.
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