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La Fontaine,
Les
animaux malades de la peste. (Livre VII - 1)
=
La fable Les
Animaux malades de la peste (lien
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Quand l'horreur d'un fléau naturel
est surpassée par celle du cynisme des hommes détenteurs d'un pouvoir.
Les assistants manipulés par
l'orateur et soulagés d'avoir trouvé leur victime s'en donnent à coeur joie:
indignation absurde, cruauté, la formule au style indirect libre évoque les cris
hostiles de la foule.
Sur la lancée dans le second hémistiche du Vers. 62, c'est l'exécution, anonyme elle
aussi du "on". La Fontaine laisse imaginer la fin affreuse. Comme au
début, lorsqu'il évoquait les ravages de la peste, il nous épargne tout voyeurisme: la
retenue classique, c'est cela!
Il est difficile de trouver fable plus sombre, ici l'horreur d'un fléau naturel
est surpassée par celle du cynisme des hommes détenteurs d'un pouvoir. La Fontaine dans
sa morale en tire une leçon très amère:
Depuis Le Loup et l'Agneau, composé il y a plus de 10 ans, son opinion n'a
pas changé:
"La raison du plus fort est toujours la meilleure", et c'était celle
déjà des Anciens qui lui avaient servi de modèles.
Pour Les animaux malades de la
Peste, il s'est inspiré de prédicateurs du XVI ème siècle qui dénonçaient la
discrimination sociale pratiquée chez certains confesseurs, indulgents aux crimes des
Grands et impitoyables aux faiblesses des humbles.. Chez La Fontaine l'alternative est
sans nuance:
Dominant ou dominé (petit ou grand).
"Les jugements de cour":nous en voyons ici 3 aspects: La cour du roi,
une cour de justice, la justice d'une foule en colère, il s'agit d'une force qui impose
pour son profit sa loi à plus faible qu'elle.
Faut-il faire de La Fontaine un champion de la justice sociale? Ce n'était pas sa
préoccupation véritable mais il ne craignait pas non plus la disgrâce n'ayant jamais
connu la faveur, ni l'emprisonnement non plus, cependant nous pouvons saluer ici son
indépendance d'esprit et sa lucidité, remarquables en un temps où la volonté royale
paralysait chez beaucoup le libre exercice de la pensée. Rappelons aussi la belle
fidélité du poète en ses débuts pour son ami Nicolas Fouquet lorsque la colère du Roi
s'abattit sur ce dernier.
La Fontaine connaît l'art de
faire varier les tons utilisant tour à tour les tons très oratoires lors de la
description de la peste, le style doux de l'élégie lors de la peinture apitoyée des
animaux, le discours musclé du lion avec son habileté démagogique, le discours de
complaisance lors de l'absolution servilement accordée à celui-ci par le renard; Enfin
nous reconnaissons les accents naïf d'une complainte lors des aveux de l'âne, puis la
hargne et la violence des invectives populaires à la fin du récit.
Cette variété de registres est absolument dans la façon de celui qui proclamait:
"diversité, c'est ma devise", nous en
trouverons bien d'autres exemples!
-Texte de Jacqueline.
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