Il y a une dizaine d'années, Francis Ponge a disparu, a cessé de paraître, d'être visible. Et, ce que nous appelons un "mort", que peut-il bien nous demander alors que sa parole s'est tue et avec elle le désir qui l'animait?

   Ces "fleurs", ne fallait-il pas les apporter au vivant? Il est trop tard pour un hommage, pour se déclarer publiquement l'homme d'un disparu, dans une fidélité d'héritiers, ce qu'il aurait refusé lui qui échoua à l'oral d'une licence de philosophie.

   Si Francis Ponge n'a rien à nous demander, nous avons peut-être beaucoup à solliciter des écrits qui dorment ici et là, loin de la foule, bien protégés.

  Une enquête s'impose donc pour un effort de justice, d'ajustement aux textes de ce qui sera prononcé sur eux: comprenons que les textes deviennent alors semblables à ces "objets" dont parle l'auteur, objets dont il faudra scruter l'essence, avec le souci "de rendre compte d'une chose", cette même rage qui animait l'écrivain.

  Dans ce parcours initiatique que le hibou vous propose, la devise est donc donnée par Francis Ponge lui-même: "l'objet est plein de droits... c'est moi qui ai tous les devoirs à son égard". Simplement l'objet c'est maintenant le texte écrit.

Attachons nos ceintures! Ce philosophe fait fi de Kant, selon lequel le sujet ne retrouve dans l'objet que ce qu'il y a mis et de Hegel pour qui l'art n'imite pas la nature; ce poète abhorre le "ronron poétique"; ce lyrique refuse tout épanchement; cet homme enfin, actif et qui se sent investi d'une "mission urgente", s'épuise pourtant dans une description désespérante d'où il espère pourtant que jaillira une loi réconciliant la beauté du spectacle, la moralité de l'émotion, et la vérité de l'objet, "le logique et le moral", comme "pour faire faire un pas à l'esprit"!

Allons, on ne va pas s'ennuyer; et au terme du parcours on comprendra, c'est promis, l'analogie entre la guêpe et le tramway!

Joseph Llapasset

Suivre le parcours: le sens et la direction de l'oeuvre de Francis Ponge

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