p.4 NAPOLEON
LE PETIT --- ENNEMI PUBLIC!
"Donc, Cet homme s'est dit...
J'aurai le sac d'argent!" (Nox
III)
Le but de son coup de main sur la France
est d'acquérir
"Millions! millions! château!
liste civile!" (III 9)
Seuls vont profiter du régime de celui
qui tient
dans une main le sceptre et
dans l'autre une pince" (VII 17)
les habiles et les
puissants qui l'ont aidé, ceux dont
"
lon entend
sonner Dans les fourreaux le sabre et l'argent dans les poches.
Ceux qui tuaient le mieux et qui n'ont pas bronché
Auront la croix d'honneur par dessus le marché..." (Nox
III)
Tous se laissent
acheter!
("Ce monde-là prospère. Il
prospère, vous dis-je!"):
"La prostitution du juge est la ressource.
Les prêtres font frémir l'honnête homme éperdu...
Ils disent: "César règne, et le Dieu des armées
L'a fait son élu. Peuple, obéis, tu le dois!
Pendant qu'ils vont chantant, tenant leurs mains fermées,
On voit le sequin d'or qui passe entre leurs doigts." (V1117)
"Lhomme intelligent, sage, honorable, ayant des rentes et de l'argent"
(VII 12),
n'a rien à
craindre, lui non plus, et pourra, lui aussi, s'enrichir.
Mais qu'en est-il des pauvres gens?
PROFITEUR DU PEUPLE, l'empereur ne remplit
pas ses promesses envers les travailleurs, paysans, ouvriers, mineurs,
"Peuple en
larmes, triste, et que la faim déchire" Ils peinent sans trêve, dans des
conditions terribles, et le fruit de leur labeur enrichit un monarque qui les a oubliés.
On ne peut pas lire sans serrement de cur le récit d'une visite "dans les caves de Lille"
(III 9), où vivaient les ouvriers
des filatures:
"C'est de ces douleurs -là
que sortent vos richesses,
Princes! ces dénouements nourrissent vos largesses...
Sous ce rouage affreux qu'on nomme tyrannie...
Sous cette vis que meut le fisc, hideux génie...
Ainsi que des raisins on écrase des hommes,
Et l'or sort du pressoir.
C'est de cette détresse et de ces agonies,
Oui, c'est de ce monceau d'indigences terribles
que les lourds millions sortent."
DÉBAUCHE, SANS PUDEUR,
"l'Empereur
s'Amuse" avec ses amis, "Ces gueux, pires brigands que ceux des vieilles
races, Rongeant le pauvre peuple avec leurs dents voraces, Sans pitié, sans merci, Vils,
n'ayant pas de cur, mais ayant deux visages..." (III 9 V)
A Saint-Cloud, les bals se succèdent, et,
"Quand s'ébat sous les fleurs
l'essaim des favorites,
Bras nus et gorge au vent...
Chacune, en souriant, dans ses belles dents
blanches, Mange un enfant vivant!" (III 9 V)
CORRUPTEUR, il
entraîne tous ses complices dans ses orgies:
"Prince, préside aux
jeux folâtres,
Chasse aux femmes dans les théâtres,
Chasse aux chevreuils dans les forêts...
Le loup verse à boire à l'hyène
L'homme à la mitre citoyenne (= larchevêque de
Paris)
Trinque en son ciboire dor fin...
Les belles boivent au vainqueur,
Et leur sourire offre leur âme
Et leur corset offre leur sein...
Peuples chantez l'épithalame,
La France épouse l'assassin." (III 10)
Le prétendu sauveur
de la nation sans soulager se misère, lui apporte le DESHONNEUR. Il couvre
d'infamie l'ARMEE, l'EGLISE et LE PEUPLE DE FRANCE. L'ARMÉE: Trompés par des chefs indignes, les héritiers des glorieux "soldats de
l'An Il" ont trahi leur idéal:
"Je vous pleure, soldats! Je pleure
votre aurore,
Et ce qu'elle promit...
Armée! ainsi ton sabre a frappé par derrière
Le serment, le devoir, la loyauté guerrière,
Le droit aux vents Jeté,
La révolution sur ce grand siècle empreinte,
Le progrès. l'avenir la République sainte,
La sainte Liberté... (III 7 "l'Obéissance Passive"
VII)
L'EGLISE:
Après les persécutions
révolutionnaires, elle avait repris droit de cité avec le Concordat, signé en 1801, et
retrouvé toute son importance dans la vie politique, sociale et économique. Situation
redoutable pour une institution d'ordre spirituel, qui se réclame d'un proscrit! le
poète ironise:
"Sur une croix dressée au fond du
sanctuaire
Jésus avait été cloué pour qu'il restât..." (Nox VI)!
Par faiblesse, habileté ou désir
d'éviter une guerre civile au pàys, ses chefs se rallient très vite au vainqueur.
Victor Hugo ne leur pardonne pas ce qui est pour lui une lâcheté et une trahison:
"...Et maintenant, évêques,
Debout, la mitre au front, dans l'ombre du saint lieu,
Crachez vos TEDEUM à la face de Dieu!" (V 11)
Soumis, lui aussi, Le PEUPLE de FRANCE
a perdu sa fierté:
"...toute âme est affaiblie...
...on rampe... on oublie
Le vrai, le pur, le grand, le beau...
L'honneur, la loi, le droit, la gloire... " (11 5)
Et le poète lance cet avertissement
solennel:
"Le plus haut attentat que puisse
faite un homme,
C'est de lier la France ou de garotter Rome;
C'est, quel que soit le lieu, le pays, la cité,
D'ôter l'âme à chacun, à tous la liberté." (V12)
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