Quel espoir reste à la victime?
Au criminel, quel châtiment?
UN CRI DANS LE DESERT!
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"0 France, quoique tu sommeilles,
Nous t'appelons, nous les proscrits". (VI 7)
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L'APPEL AU PEUPLE:
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"Puisqu'on n'a plus de coeur devant les grandes tâches,
Puisque les vieux faubourgs, tremblants comme des lâches,
Font semblant de dormir... (II 7 VIII),
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Il essaie de secouer l'indifférence
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"Ces femmes qu'on envoie aux lointaines bastilles,
Peuple, ce sont tes soeurs, tes mères et tes filles!
O peuple, leur forfait, c 'est de t'avoir aimé!" (VI 2)
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Il veut ressusciter les grandes heures de 93:
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"O travailleur robuste, ouvrier demi-nu,
Moissonneur envoyé par Dieu même et venu
Pour faucher en un siècles de misère...
Toi qui par la terreur sauvas la liberté..." (Nox VIII)
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Sur le thème de la résurrection de Lazare, il scande des
appels pathétiques:
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"Pourquoi dors-tu dans les ténèbres?
Je ne veux pas que tu sois mort...
Ce n'est pas l'instant où l'on dort.
La pâle Liberté gît sanglante à ta porte.
Tu le sais, toi mort, elle est morte.
Lazare! Lazare! Lazare!
Lève-toi!..." (II 2)
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Il convoque les drapeaux glorieux:
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Percés, troués, criblés, sans peur et sans reproche...
O vieux drapeaux, sortez des tombes, des abîmes!
Sortez en foule, ailés de vos haillons sublimes,
Drapeaux éblouissants!
Comme un sinistre essaim qui sur l'horizon monte,
Sortez, venez, volez, sur toute cette honte
Accourez frémissants!..." (II 7 ')
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Les abeilles du "Manteau Impérial'. ne doivent pas,
elles non plus, supporter l'infamie:
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"Filles de la lumière, abeilles,
Envolez-vous de ce manteau!
Ruez-vous sur l'homme, guerrières!
O généreuses ouvrières,
Vous le devoir, vous la vertu,
Ailes d'or et flèches de flamme,
Tourbillonnez sur cet infâme!...
Et qu'il soit chassé par les mouches
Puisque les hommes en ont peur!" (V 3)
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Cris dans le désert?
Peut-être! mais du désert
même, et de la plus grande désespérance surgira une réponse, celle de la JUSTICE
IMMANENTE. Tout le poème de Châtiments vibre de cette présence invisible et
inéluctable, c'est son attente qui donne à Victor Hugo une éloquence prophétique.
Ce cri: "0 deuil! par un bandit féroce L'avenir est mort
poignardé." (III 10)
fait toucher le fond de l'abîme
pour mieux annoncer une renaissance:
"il semble qu'on se réveille!"(II 2),
"les enchaînés
tressailleront! (sic)"
(I. 1) Tressailleront
est de Victor Hugo
"quelquun te vengera, pauvre France abattue"(III 9 V)
Il viendra, "le Jour suprême et
décisif" où les
triomphateurs tomberont:
"Sonne aujourdhui le glas bourdon de
Notre-Dame,
Et demain le tocsin!" (III 1O).
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(le glas pleure le triomphe de
lusurpateur;
le tocsin soulèvera la révolte contre lui)
La tyrannie ne peut
durer:
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"Un Jour vient où ces
lois de silence et de mort,
Se rompant tout à coup comme sous un effort,
Se rouvrent a grand bruit des portes mal fermées, Emplissent la cité de torches
enflammées." (V 6)
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Les
"exterminateurs" subiront leur peine:
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"On les voit,
A travers lhistoire où le vrai seul demeure,
Pour s'être délivrés de leurs rivaux d'une heure,
D'ennemis innocents ou même criminels,
Fuir dans l'ombre entourés de spectres éternels." (V 8)
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La Justice immanente fera régner l'ordre
et le droit, car elle est une des manifestations de cette force qui, en dépit des
apparences et par bouleversements successifs, mène le monde vers un accomplissement de
dignité et d'harmonie.
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Victor Hugo, en effet, croit au PROGRES,
celui qui allège la
misère des hommes, et, par là, les grandit.
Ce progrès se réalise dans et par la
Nature: |
"...O
géante aux cent yeux!
Tu fais un grand labeur saint et mystérieux...
Tu viens dans cette nuit, libératrice sombre!
Tout travaille, l'aimant, le bitume, le fer,
Le charbon; pour changer en eden notre enfer,
Les forces à ta voix sortent du fond des gouffres.
Tu murmures tout bas: "Race d'Adam qui souffres,
Hommes, forçats pensants au vieux monde attachés,
Chacune de mes lois vous délivre. Cherchez!..."
L'amour succède aux pleurs et l'eau vive à la mort...
Par degrés, lentement, on voit sous ton haleine
La liberté sortir de l'herbe de la plaine... ... Le progrès, reliant entre elles ses
conquêtes,
Gagne un point après l'autre et court, contagieux."(VII) |
Admirable confiance dont,
peut-être, nous ne sommes plus capables!
Une conviction religieuse sous-tendrait-elle la
certitude du poète?
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