NOËL Dans les
rues décorées de branchages et de banderoles, grands et petits circulent les bras
chargés de paquets. Place de la Comédie, un bonhomme à barbe blanche tout habillé de
rouge promet aux enfants mille
joujoux
merveilleux. Au coin de la rue de la Loge, une
clochette essaie dattirer lattention des passants: "Drelin,
drelin ! braves gens qui préparez la fête, noubliez pas les malheureux,
mettez un petit sou dans mon grand chaudron!" Vous lavez deviné,
cest bientôt Noël.
Anne-Marie
na pas cherché de cadeaux, elle na pas acheté de jouets, elle na pas
installé de sapin devant sa cheminée et les santons dorment encore dans leur lit de
coton, Pierre son petit garçon est malade. Beaucoup de docteurs sont venus, ils ont mis
loreille contre sa poitrine, ils ont regardé au fond de sa gorge avec une petite
lumière, ils ont tapoté partout sur son ventre, ils sont restés longtemps autour de son
lit, et ils sont repartis lun après lautre, sans rien dire, sur la pointe des
pieds. Petit Pierre dort, on lentend qui respire tout doucement.
De
lautre côté de la rue, il y a le jardin. Dès que la récréation sonne, il se
remplit de jeux, de cris et de rires; Les petits de la maternelle courent, sautent
à la corde, ou font des farandoles, ils sen donnent à cur joie :
"Viens avec nous Constance ! Quest-ce que tu fais. Tu boudes ?"
Mais Constance secoue la tête. Dhabitude cest elle la plus enragée pour
faire la folle et pour entraîner tout le monde ...
Aujourdhui
elle est assise sur un banc, les deux bras serrés autour de ses genoux, et elle regarde
quelque chose au - dessus du mur. ...
"Quest-ce que tu as? Constance, tu as mal?" Non
Constance na pas mal, mais tout à lheure, en sortant de la classe pour courir
jouer dans la cour, elle a levé la tête et elle a vu la maman de Pierre qui pleurait
derrière sa fenêtre. Maintenant, elle regarde, et elle na plus envie de jouer et
quand Constance nest pas là, personne na plus envie de jouer. Lun
après lautre ils viennent près delle, ils veulent voir eux aussi ce qui la
rend si triste. Lun après lautre ils lèvent la tête et ils reconnaissent la
maman de Pierre, leur camarade.
A lécole, il est si menu, si pâlot, si timide
que personne ne pense à lui dire "viens jouer".
Les premiers jours, la
maîtresse a bien essayé de lentraîner avec les autres, mais on la vite
laissé tomber parce quil nest pas dégourdi, et quon ne rit pas
tellement avec lui. Et on ne sest même pas aperçu quil nétait pas
là ! Est-ce quil manque depuis? On ne sait pas. Ils comprennent maintenant que
leur camarade est bien malade, et ils cherchent dans leur tête comment ils pourraient
laider ...
Quand
la cloche sonne la fin de la récréation, ils se rangent tout de suite très sagement, et
ce nest pas leur habitude. Béatrice, la maîtresse a mis sur les tables du papier,
des crayons et de la peinture: il faut faire de beaux dessins pour Noël !
Les
petits sappliquent si forts que plusieurs tirent une jolie langue rose ou poussent de gros soupirs
en appuyant sur leurs pinceaux. Quand ils ont fini, ils ne veulent pas lâcher leur
chef-duvre et demandent tous demporter leur dessin.
A la sortie de quatre heures, quand les mamans viennent les chercher,
elles sont bien étonnées de ne trouver personne, ils ont filé, les monstres! Où ils
sont allés vous le devinez aussi bien que moi : ils ont grimpé lescalier,
Constance a appuyé sur la sonnette, un peu fort pour être sûre quon
lentende. Quand la maman de Pierre les a vus, elle na pas eu lair
tellement étonnée elle leur a fait un signe vers la chambre et ils sont passés
lun derrière lautre, sur la pointe des pieds pour se mettre tous autour du
lit. Ils ont posé leur dessin sur la couverture - et chacun, dans son cur
disait très fort "Pierre nous sommes tes amis, guéris vite, sil te
plaît!"
Alors tout
doucement, Pierre a ouvert les yeux, il a reconnu ses camarades, il a compris ce
quils venaient lui dire, ses joues sont devenues rouges de bonheur, et il leur a
souri. Il a pris les dessins, et il les a regardé tranquillement, bien appuyé sur ses
oreillers. Il a tout de suite reconnu: les sapins, le Batman avec sa cape, les gugusses,
les six voitures, la grosse moto rouge, les trois poupées, la maison avec la fumée, la
crèche avec lenfant Jésus et les moutons, le cur avec des étoiles dedans.
"Maman,
maman! viens voir tous mes cadeaux!" Pierre croît quil a crié très fort, mais il
est sorti seulement une drôle de petite voix. Heureusement, les mamans entendent
toujours. Anne-Marie essuie vite ses yeux. Elle ouvre la porte, et quest-ce
quelle voit? Son fils, qui rit avec les autres. On commence même à faire un peu
les fous;
Maintenant, il faut
quelle se dépêche, Anne-Marie, pour préparer Noël .
Pierre, son petit garçon est guéri!