MALLARME |
Baudelaire aurait pu signer ce sonnet, plein de gémissements
("an"), grâce auquel Mallarmé congédie trois mois d'un ennui désolé par
l'insolence du printemps.
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-RENOUVEAU
(Mai 1862)
Le printemps
maladif a chassé tristement
L'hiver, saison de l'art serein, l'hiver lucide,
Et, dans mon être à qui le sang morne préside
L'impuissance s'étire en un long bâillement.
Des crépuscules
blancs tiédissent sous mon crâne
Qu'un cercle de fer serre ainsi qu'un vieux tombeau
Et triste, j'erre après un rêve vague et beau,
Par les champs où la sève immense se pavane.
Puis je tombe
énervé de parfums d'arbres, las,
Et creusant de ma face une fosse à mon rêve,
Mordant la terre chaude où poussent les lilas,
J'attends,
en m'abîmant que mon ennui s'élève...
- Cependant l'Azur rit sur la haie et l'éveil
De tant d'oiseaux en fleur gazouillant au soleil.
L'attente,
l'insupportable attente qui maudit le présent, l'attente des transports de l'esprit et
des sens, des pensées et des rêves, que l'auteur a enfin retrouvés , fait de ce poème,
comme une porte qu'on ferme sur la nuit et qui s'ouvre sur l'espérance et la joie
retrouvées. "Renouveau": des racines baudelairiennes sur lesquelles se profile
le génie de Mallarmé. Le poète maudit les souffrances infligées par l'ennui qui,
pourtant, bien souvent le visitera.... (Joseph Llapasset)
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