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Pâris-Alexandre,
irrésistible!!.
- (page 23)
Voyez de quelle exquise manière il réussit
à amadouer son grand frère, en le flattant, puis en s'excusant: "Tu
as raison de me prendre à
partie, c'est de stricte justice... Ne me reproche pas pourtant, les dons
charmants d'Aphrodite d'or. Il ne faut pas mépriser, tu le sais, les
dons glorieux du Ciel... nous n'avons pas les moyens de faire notre choix nous-mêmes".
Convoqué pour partir au combat avec
Hector, il le déride en soulignant gentiment sa ponctualité: "Doux
ami, est-ce donc moi qui traîne et arrête ton élan? Ne suis-je donc pas là
à l'heure voulue, ainsi que tu m'en priais?"
Et quelle allure! "A
peine a-t-il revêtu sa glorieuse armure de bronze scintillant, qu'il s'élance
à travers la ville, sûr de ses pieds agiles. Tel un étalon... il se
pavane, il porte haut la tête, sur ses épaules voltige sa crinière... De
même, Pâris, le fils de Priam, descend du haut de Pergame, resplendissant
comme un soleil, dans son armure, le sourire aux lèvres..."
Il sait même combattre, quand il l'a décidé!
Non seulement, il tire bien à l'arc, mais on le trouve, au cours d'une action désastreuse
pour Troie, "rassurant les siens et les stimulant au combat".
Il semble heureux de se racheter de toutes les accusations de lâcheté,
qui apparemment, ne le laissaient pas insensible: "Si jamais j'ai pu m'écarter
du combat, ce n'est pas aujourd'hui. Ma mère, de moi, n'a pas fait un lâche
complet. Depuis que, près des nefs, tu as éveillé le combat pour les nôtres,
nous n'avons pas cessé de nous tenir ici en contact obstiné avec les
Danaens... Donne-nous donc des ordres... Nous te suivrons pleins d'ardeur et je
te réponds que notre courage n'aura pas de défaillance, tant que nos forces
dureront". Et "le
coeur de son frère se laisse convaincre".
On s'explique pourquoi tous les
Troyens gardent un faible à cet imprévisible garçon si séduisant.
Aphrodite elle-même est sous son charme! Et il a ramené une femme si
divinement belle qu'on ne peut s'empêcher de l'admirer, malgré tous les soucis
qu'elle cause. Dans
la lutte qui, pendant près de dix ans, oppose Achille et Hector, ce
voluptueux, qui passe plus de temps à l'amour qu'à la guerre, aura
le dernier mot! C'est lui qui aura raison de l'invincible
Achille et vengera son frère.
Nous l'apprenons d'Hector mourant,
lorsqu'il avertit Achille, obstiné dans son refus de rendre son corps à sa
famille: "Prends garde que je
ne sois pour toi le sujet du courroux céleste, le jour où Pâris et Phoebus
Apollon, tout brave que tu es, te donneront la mort devant les portes Scées".
On a brodé, plus tard, sur cette brève prédiction,
on s'est plu à mettre en valeur la couardise et la déloyauté de celui qui
tuait de loin, par derrière, en se cachant. Je préfère, pour ma part, m'en
tenir au peu que veut bien nous dire Homère.
Et
l'héroïsme?
Nous voici au terme de notre étude, non
pas, bien sûr, celle de l'Iliade, elle est inépuisable, mais celle du sujet
qui nous était proposé: "la notion d'héroïsme". Pour
commencer, nous avons défini la situation de cette guerre, nous en avons observé
les acteurs, et découvert quelle place importante tiennent les dieux. Nous
avons pu, alors, nous demander en quoi consistait l'héroïsme chez les gens de
l'Iliade. Au cours de cette
recherche, nous avons rencontré tous ceux qu'on peut appeler des héros, (Homère,
du reste, n'est pas avare de cette dénomination)
Nous avons vu des soldats inconnus tomber
par centaines dans la mêlée sanglante,
héroïques simplement parce qu'ils sont morts dans la solidarité ou la
solitude du combat.Nous avons vu
des jeunes hommes venus nombreux gagner la gloire, la fortune ou le bonheur par
leurs exploits. Leur héroïsme,
c'est leur pugnacité, leur enthousiasme, leur confiance dans leur bonne étoile,
et même leur témérité.
Nous avons vu les "grands", un
Ulysse, un Ajax, un Diomède, un Idoménée, rois venus de tous les points de Grèce
pour venger l'honneur d'un des leurs. Ensemble, ils se sont organisés, ils ont
affronté le danger, ils ont peiné, ils ont souffert. Leur héroïsme, c'est
leur dévouement, leur patriotisme en quelque sorte, c'est aussi de savoir
que quoi qu'ils fassent, ils sont dans la main capricieuse des dieux, de
l'accepter sans révolte, mais sans résignation passive, et, au lieu de
baisser les bras, de chercher à mettre toutes les chances de leur côté.
Enfin, nous nous sommes attardés à ceux
qui se détachaient du lot: Achille, le combattant par excellence, Hector,
le protecteur de son peuple, Pâris, l'amant.
Que le poète ait accordé à l'amant de terrasser le combattant, que,
devant le vieux Priam, il ait fait oublier la guerre au combattant, pour lui
faire retrouver une tendresse de fils, qu'il ait transformé le deuil sur
Hector en un immense cri d'affection, tout cela donne à réfléchir...
Comme si, dans les derniers chants d'un poème
tout rempli d'exploits guerriers, Homère voulait nous dire que
l'héroïsme n'est pas seulement dans la violence et le courage
physique. Comme si, dans le monde
encore très rude de l'épopée, le coeur et la générosité commençaient
à compter...
Fin de
l'étude réalisée par Jacqueline Masson
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